Migrantes et mobilisées
Migrantes et mobilisées
“Migrantes et mobilisées”, dans des Cahiers du Genre, traite de l’engagement des femmes migrantes dans les mouvements sociaux en Europe et de leur invisibilité.
Dans l’invisibilisation des migrantes figure celle des luttes sociales menées par les femmes depuis plus de quarante ans. Elles se battent auprès des hommes, mais on ne parle pas d’elles ou si peu. C’est le sujet coordonné par Danièle Kergoat, Adelina Miranda et Nouria Ouali dans les Cahiers du Genre de 2011 intitulé « Migrantes et mobilisées ». Les auteurs montrent leur place dans des mouvements sociaux en Allemagne, en France, en Angleterre, en Belgique et aux Pays-Bas.
Dans les années 1970, des chercheuses s’intéressent au sujet du genre et de la migration féminine notamment. La documentation existe, cependant comme le constate Morokvasic « leur mise en visibilité demeure sélective, partielle et partiale ». Il est encore difficile de montrer la diversité féminine des situations migratoires.
Dans cet ouvrage, les auteurs expliquent comment l’invisibilisation des femmes migrantes rend leur statut précaire et amène leur exploitation économique, l’exemple des femmes qui prennent en charge les services domestiques, du « care », majoritairement illégales, et sexuelle, l’exemple de la prostitution.
D’autre part, l’implication de femmes dans le secteur associatif pose les questions de racisme et sexisme, d’égalités de sexe et d’exclusion sociale, bien que depuis les années 1990, ces questions ont été effacés dans certains pays européens par des questions identitaires culturelles et religieuses.
Autre question abordée dans ces Cahiers est celle de l’émancipation. L’époque où l’accès au travail et l’indépendance financière étaient vus comme des facteurs d’émancipation est passé. Face à des systèmes économiques qui demandent de la flexibilité, les femmes migrantes sont les plus touchées par la précarité.
Pour arriver à l’émancipation, la chercheuse Danièle Kergoat parle du processus « d’individuation » de la migrante jusqu’à son appartenance à un collectif qui va lui permettre de prendre la parole, d’élaborer une opinion publique, d’acquérir « la puissance de l’action » .
« L’individu émerge à la faveur du processus d’individuation qui rend compte du dépassement toujours possible de soi et consiste dans l’accroissement de la capacité d’agir et tout le développement de la pensée qui ne se réalise qu’avec et par les autres », Lecourt, 2000.
Pour exemple, les luttes de femmes sans-papier qui les ont rendues visibles et assez fortes pour se faire entendre dans un collectif.
————- Lire les Cahiers du Genre
- Migrantes et mobilisées, coordonné par Danièle Kergoat, Nouria Ouali et Adelina Miranda et , Cahiers du Genre, l’Harmattan, 2011