Soeurs et migrantes au 19ème siècle
“Les sœurs savantes”, histoire de deux migrantes à la fin du 19ème siècle
Soeurs et migrantes – Bronia et Marie rejoignent la France pour étudier alors que dans leur propre pays les universités leur sont interdites. Une migration et un combat de femmes.
Être femme et migrante, une composition qui n’a rien de récent. A la fin du 19ème siècle, deux femmes, deux sœurs, décident de quitter leur Pologne natale à tour de rôle. Ce sont Bronia et Maria Skłodowska. A cette époque, leur pays est occupé par les Russes et les universités sont interdites aux femmes. Elevées dans un milieu où l’éducation est essentielle mais sans le sou, Maria devient gouvernante pour financer les études de sa sœur aînée.
Alors que l’une prend la direction de Paris et s’incrit à la faculté de médecine de la Sorbonne, institut récemment ouvert aux femmes, l’autre quitte Varsovie pour une campagne isolée. Bronia passe ses heures, ses semaines, ses années à étudier. Le pécule envoyé par Maria est maigre, elle ne mange pas tous les jours à sa faim, elle s’accroche et décroche son diplôme de médecin gynécologue. Il est temps de faire venir sa soeur pour que celle-ci reprenne ses etudes à son tour.
Entretemps, Maria est tombée amoureuse du fils de la famille, amour partagé mais contrarié par les parents du jeune homme. La jeune femme se morfond, Bronia traverse l’Europe pour la ramener avec elle en France. Maria s’incrit à des études de physique à la faculté des sciences de Paris. Seules 23 femmes suivent ce cursus sur 1825 élèves et la plupart sont étrangères car à l’époque les Françaises ne recoivent pas d’enseignement de sciences physiques à l’école. Ses études sont brillantes, tout comme l’avaient été celles de sa soeur. Point besoin de raconter le parcours qui s’ensuit de celle qui prend en 1895 le nom de Marie Curie…
L’histoire des deux soeurs, racontée par l’historienne Natacha Henry, est un portrait croisé de deux migrantes qui ont démontré courage et détermination le long de leur chemin. Convainvues que l’éducation était ce qui pouvait les aider à vivre librement, elles ont suivi leur caps. Elles ont également conservé un lien fort avec leur pays natal. Bronia a notamment ouvert le meilleur sanatorium de Pologne et Marie un institut de radium. Elles ont réussi à faire un pont entre leurs deux cultures sans devoir effacer l’une face à l’autre, et tout en étant acceptées dans les deux pays.