20 Oct

Livre – “La migration prise aux mots”, un recueil de C. Canut et C. Mazuric

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“La migration prise aux mots”

Mise en récits et en images des migrations transafricaines

Sous la direction de Cécile Canut et Catherine Mazauric

Cet ouvrage expose comment la circulation des récits et des discours sur les migrants ou par les migrants eux-mêmes constituent un ensemble narratif (de textes écrits ou oraux, privés ou publics) déterminant pour comprendre d’une part, les fonctions et les processus migratoires et, d’autre part, mesurer l’impact qu’ils possèdent sur ces mêmes processus.

————-Les discours sur la migration sont nombreux, mais souvent tenus par des personnes qui ne sont pas migrantes : des médias, des politiciens, des associations de défense des sans-papiers, des instances diverses et nombreuses… Cependant, au final, où est la parole des acteurs principaux ?

Dans les médias, les migrants sont montrés et dits comme les « étrangers », les « sans-papiers » ou encore les « clandestins. On parle pour eux. Mais comment se nomment-ils eux-mêmes ? : les « voyageurs », les « aventuriers » et les « migrants ».

Des chercheurs ont travaillés auprès de migrants. Leurs « sujets » étaient des êtres vivants, chacun avec sa singularité, chacun avec son histoire. A travers « La migration prise aux mots », les chercheurs ont ouvert la parole. Plus qu’un nom ou un prénom, ils permettent la transmission « de récits, d’imaginaires, de rythmes d’existence particulier à chacun. La narration en construit à chaque fois une histoire singulière, indissociable de l’histoire et des sociétés traversées, comme de celles ou l’on vit ».

« Avant, pendant ou après la migration, les histoires racontées par les migrants de retour, les réussites ou les échecs, les encouragements, les incitations ou au contraire les empêchements, les culpabilisations, etc., tous ces moments inventent et réinventent les migrations, les falsifient ou les embellissent, par la puissance de la parole ».

La migration est un vaste sujet et vu à travers le prisme des « migrants » eux-mêmes et par les récits qui se font autour, elle prend d’autres couleurs..

Trois récits de femmes

Dans l’article de Christine Deprez, « Trois récits de femmes », la migration féminine est abordée et sa réalité autre que la masculine. Jusque dans les années 1970, il y a « un impensé féminin de la migration » (M. Morokavasic). Ce n’est pas qu’il n’y avait pas de femmes, mais une lacune dans leurs études. Deux raisons à cela.

– A partir des années 1990, l’émigration féminine se diversifie, elles viennent de plus loin (Philippine, Colombie…), elles viennent pour les études, elles sont célibataires ou responsables de famille. Elles sont plus aptes à prendre la parole.

– Dans les recherches en sciences humaines et sociales, les femmes se forment en plus grand nombre. S’introduire en tant que femme dans un foyer féminin est plus aisé.

Le récit migratoire des femmes se démarque face à celui des hommes. « La maternité et l’éducation des enfants loin de chez soi, le manque d’autonomie financière, pour certaines, l’émancipation pour d’autres, sont quelques-uns des thèmes le plus souvent abordé par les femmes.

Les trois récits de femmes que la chercheuse a choisi mettent en avant « les capacités communes de résistances et de survie » et elles « partagent les déchirements de la séparation et les interrogations sur leurs appartenances, et sur la place et le rôle de la femme migrante dans la famille ou dans la société ».